Par Aminata Diabi
Sommaire
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Introduction
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Les droits de douane : une arme économique aux conséquences inégales pour les femmes d’affaires
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Les répercussions des droits de douane sur les petites entreprises dirigées par des femmes
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Ressources pour soutenir les femmes entrepreneures
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Conclusion
1. Introduction
Ça y est : depuis le 4 mars dernier, Donald Trump impose des droits de douane des droits de douane de 25 % sur les importations de plusieurs produits stratégiques canadiens et mexicains.
Sans compter que la Chine a elle aussi annoncé son intention d’imposer des barrières tarifaires supplémentaires de 100 % sur des produits agricoles, notamment sur l’huile de colza, les tourteaux d’oléagineux et les pois.
Cette guerre commerciale qui s’annonce longue et pénible, cause une anxiété croissante dont les entrepreneures se seraient bien passé.
Car si les grandes entreprises ressentent le choc, ce sont les femmes d’affaires, en particulier les micro-entrepreneures, qui en subiront les conséquences les plus dures.
Dans cet article, je vous présenterai les façons dont ces politiques commerciales influent sur les entrepreneures au Canada, en mettant l’accent sur les défis particuliers auxquels elles sont confrontées et en proposant des ressources pour vous aider à y voir plus clair.
2. Les droits de douane : une arme économique aux conséquences inégales pour les femmes d’affaires
Les droits de douane sont en réalité des taxes imposées par un gouvernement sur les biens importés d’un autre pays.
Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas directement les pays exportateurs (les vendeurs) qui paient ces taxes, mais bien les importateurs (les acheteurs) qui doivent payer ces droits s’ils achètent des marchandises à l’étranger.
L’objectif principal, normalement, est de protéger l’économie nationale en rendant les produits étrangers plus coûteux et donc moins compétitifs par rapport aux produits locaux.
Mais si vous dirigez un pays, vous pouvez également les utiliser comme un outil politique dans le cadre de guerres commerciales, comme est en train de faire Donald Trump.
Et c’est lorsqu’on les utilise comme une arme économique qu’ils produisent des effets négatifs, voire contre-productifs.
Négatifs, car ils engendre une dangereuse escalade dont l’issue ne peut être que défavorable : un pays taxe de 25 % de plus, l’autre réplique en taxant de 50 %; le premier renchérit de 75 %, et ainsi de suite, mais jusqu’où?
Contre-productifs pour le pays qui les impose (je vise les États-Unis en premier), dans le sens où les entreprises américaines qui dépendent des importations pour leurs matières premières ou leurs composants voient leurs coûts de production augmenter.
Ces coûts les rendent moins compétitives, ce qui peut entraîner une baisse de la production, puis des suppressions d’emplois.
Cela rendra-t-il America great again? Pas sûr…
Au Canada, il n’est pas certain que les grandes entreprises aient les ressources pour absorber ces coûts supplémentaires.
En revanche, la certitude est que les petites entreprises, notamment celles dirigées par des femmes, seront beaucoup plus vulnérables.
Les entrepreneures : un groupe déjà fragilisé
En tant que femme entrepreneure, vous connaissez déjà les obstacles systémiques auxquels il faut faire face, notamment pour accéder au financement, en partie parce que vous êtes perçue comme un risque élevé par bon nombre d’institutions financières.
Or, cette perception entraîne des taux d’intérêt plus élevés, des exigences de garantie plus strictes et un accès limité aux fonds de capital-risque (à peine 2,3 % des fonds de capital-risque sont alloués aux entreprises dirigées par des femmes).
De plus, 80 % des femmes entrepreneures au Canada étant des micro-entrepreneures, leurs marges bénéficiaires sont plus faibles et leurs fonds de réserve limités.
Elles auront donc moins de liquidités et de ressources pour absorber les chocs découlant d’une guerre économique.
La pandémie de COVID-19 avait déjà été un coup dur pour les entreprises féminines, certaines étant encore en convalescence.
Et les subventions gouvernementales ne les avaient pas aidées à sortir la tête de l’eau : selon le Rapport du Bureau du vérificateur général du Canada paru en 2021, les grandes entreprises ayant reçu 70% des fonds, tandis que les PME dirigées par des femmes moins de 5 %.
Au-delà de ces enjeux financiers, de nombreuses entrepreneures manquent cruellement de réseaux solides pour les aider à surmonter ces difficultés.
Elles ont moins accès aux cercles d’influence, aux mentors et aux opportunités de collaboration, ce qui limite leur croissance.
3. Les répercussions des droits de douane sur les petites entreprises dirigées par des femmes
Cas d’étude : Entreprise féminine de transformation de l’aluminium
Prenons l’exemple d’une petite entreprise créée par une ingénieure passionnée par l’économie circulaire.
Basée à Québec, elle se spécialise dans la transformation de l’aluminium recyclé en tubes en aluminium durables, utilisés dans la construction de bâtiments écologiques.
Cette PME fournit des produits à des clients locaux, mais exporte également 40 % de sa production aux États-Unis.
L’entreprise importe une partie de ses matières premières, notamment des lingots d’aluminium de haute qualité, des États-Unis, car au Canada il n’y en a pas en quantité suffisante.
Ces importations représentent 30 % de ses coûts de production.
Les droits de douane américains sur les produits en aluminium transformé ont augmenté le prix des produits de 25 % pour ses clients américains.
Cela a rendu ses produits moins compétitifs par rapport aux fabricants locaux américains, ce qui a entraîné une baisse de 20 % de ses ventes aux États-Unis.
La PME fait donc face à un dilemme :
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Soit elle absorbe les coûts supplémentaires : mais cela réduirait ses marges bénéficiaires de 10 %, limitant sa capacité à investir dans de nouvelles technologies ou à embaucher du personnel;
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Soit elle répercute les coûts sur ses clients : augmenter son prix de vente, de 12 % par exemple pour accuser le coup, risquerait de lui faire perdre des clients locaux, en particulier les petites entreprises de construction qui ont des budgets serrés.
Si la PME choisit d’absorber les coûts, elle risque de voir ses marges bénéficiaires disparaître, ce qui pourrait menacer la survie de son entreprise à long terme.
Si elle augmente ses prix, elle pourrait perdre des clients, en particulier ceux qui sont sensibles aux prix ou qui se tournent vers des alternatives moins chères.
De plus, cette PME a déjà du mal à accéder à des financements; les droits de douane aggravent donc une situation déjà compliquée.
Dans les deux cas, son entreprise est menacée.
4. Ressources pour soutenir les femmes entrepreneures
Pour vous aider à vous s’y retrouver dans le contexte complexe des droits de douane et d’enjeux économiques, voici plusieurs ressources et outils utiles.
Ces ressources vous aideront à prendre des décisions commerciales éclairées et de mieux comprendre les répercussions des politiques commerciales sur votre entreprise.
Le centre d’information sur le marché américain d’EDC offre des outils et des ressources précieux pour les entreprises qui cherchent à exporter ou à importer des produits.
Ce centre propose des informations à jour sur les tarifs douaniers, les dernières tendances économiques américaines et des liens utiles vers des partenaires spécialisés.
De plus, le site Tariffinder permet de vérifier les droits de douanes applicables à vos produits, tandis que le répertoire Made in Canada (en anglais seulement) met en avant les entreprises locales pour favoriser les achats au pays.
La Banque de développement du Canada (BDC) propose des articles et des outils pour aider les entreprises à se préparer aux conséquences des droits de douane.
Sans oublier les programmes d’AWE qui offrent du conseil, des formations et des ressources pour renforcer vos compétences entrepreneuriales et accéder à des possibilités de financement.
Ces ressources sont essentielles pour vous aider à surmonter les défis liés aux droits de douane et à renforcer votre résilience économique.
En les utilisant, vous pourrez mieux anticiper les risques, repérer des opportunités et prendre des décisions stratégiques pour assurer votre croissance.
5. Conclusion
Les droits de douane imposés par Trump et la Chine auront des conséquences inégales sur les femmes entrepreneures au Canada, en particulier les plus vulnérables.
Ces politiques menacent non seulement leur indépendance financière, mais aussi la résilience de l’économie canadienne.
Des ressources ciblées et un accompagnement durable sont essentiels pour vous soutenir et atténuer les effets négatifs de ces perturbations économiques.
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